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Procès des attentats du 13 Novembre 2015: 6 ans plus tard, personne n’a oublié

Le procès des attentats du 13 Novembre 2015, dit « V13 » pour Vendredi 13 novembre, commence ce mercredi 8 Septembre 2021 à Paris.

D’une durée de 8 mois, la plus grande audience criminelle organisée en France, se composera de 1800 parties civiles, de 300 avocats et magistrats, avec 20 accusés dont 13 de la cellule djihadiste.

6 ans après cette nuit d’horreur, ayant fait 130 morts et pas moins de 350 blessés, la plaie n’est toujours pas cicatrisée. Ces attaques sont ancrées à vie dans la mémoire collective.

On s’est tous identifiés aux victimes. Après tout, cela aurait pu être nous, à une terrasse de café, à un concert ou au stade de foot.

Je vivais à Paris à l’époque. Et bien que je n’aie pas été impactée personnellement par la perte d’un être cher ou par ma présence sur les lieux des attaques, cette nuit-là, interminable, longue, douloureuse, je m’en souviendrais toute ma vie.

Figée devant mon poste de télé jusqu’au petit matin, à suivre les infos en boucle et essayer de savoir si tous mes amis étaient sain et sauf (un de mes amis proches devait d’ailleurs aller boire un verre avec sa meilleure amie à l’un des bars ciblés par les terroristes).

Et ce calme dans les rues… Avec en trame de fond, les sirènes de police, pompiers au loin.. Surréaliste…

Ce calme plat a été présent tout le week-end. Comme si tout le monde avait déserté la capitale, alors que nous étions tous barricadés chez nous, à essayer de digérer un tant soit peu les évènements de la veille.

Le retour au travail le lundi matin était particulier. Notamment ce trajet en métro, avec ces mines tant abattues pour certaines, tant méfiantes, à se regarder en chien de faïence pour d’autres.

L’atmosphère était pesante. Personne ne parlait … Je n’avais jamais vécu un tel calme dans les transports en commun jusqu’alors, en 5 ans à Paris …

Le danger était toujours palpable avec la fuite du dernier terroriste présent au Bataclan, Salah Abdeslam et ses complices. L’un d’entre eux, d’ailleurs, était planqué littéralement dans un talus, à Aubervilliers, tout près d’où je travaillais alors.

On nous conseillait de ne pas nous déplacer tous seuls jusqu’au métro, en sortant du travail, le soir

Un climat de peur était toujours là. Et en même temps, tout le monde était encore sonné des évènements du week-end.

Tu as conscience des choses mais tu as du mal à intégrer que cela se soit vraiment passé, tellement cela semble inconcevable.

J’avais passé mon week-end seule, chez moi, telle un zombie. Et je dois dire que je n’ai jamais autant ressenti ma solitude qu’à cet instant.

Donc le retour au travail, quoiqu’un peu fébrile, je l’attendais.

Besoin de voir mes collègues, de pouvoir en discuter, bref besoin d’être entourée.

Et pourtant, j’ai vécu cet enfer comme beaucoup, devant la télé. Mais j’avais l’impression d’avoir un train qui m’avait roulé dessus

Depuis, il n’y a pas un reportage ou extrait de ce cauchemar ou ma gorge ne se serre pas. 

Je n’ose imaginer les rescapés de cette barbarie ou les familles des victimes, encore aujourd’hui marqués par de graves séquelles physiques ou psychologiques, ne pouvant reprendre une vie « normale » (pour un peu qu’une normalité soit possible après tout ça).

Ce procès ne ramènera pas nos morts, certes. Mais l’espoir d’entendre les éventuels (car ce n’est pas gagné) témoignages de ces terroristes sur le banc des accusés, et les voir condamnés, pourrait aider à boucler la boucle pour les victimes et les familles endeuillées.

Le verdict est attendu le 22 Mai 2022.

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