
Perdre ses parents en un instant : Affronter l’inimaginable
Le deuil, c’est quelque chose que chacun traverse à sa manière, mais perdre ses deux parents en moins de 48 heures d’intervalle, c’est surréaliste. C’est une vague d’émotions qui submerge tout—un mélange de choc, d’incrédulité, de tristesse et parfois même un peu de culpabilité. J’ai envie de partager ce que je viens de vivre et ressentir face à cette épreuve unique.
Les émotions arrivent sans prévenir. Quand mon père est parti, j’ai ressenti un mélange de tristesse intense et de regrets. Regrets de ne pas avoir été plus présente, de ne pas avoir pu dire au revoir même si je savais son temps compté. J’essayais de comprendre ce qui venait de se passer, de me faire à l’idée qu’il n’était plus là, même si les années nous avait pourtant éloignés. Mais avant même d’avoir pu vraiment encaisser cette perte, il a fallu affronter une nouvelle déchirure avec le décès de ma mère.
Je me souviens très précisément de ce moment : j’étais au travail, encore engourdie par la peine de la perte de mon père, essayant tant bien que mal de trouver un semblant de normalité d’aller de l’avant dans mon quotidien malgré la peine. Et là, le téléphone a sonné. En entendant la voix de ma soeur, j’ai su que quelque chose n’allait pas. Lorsqu’elle m’a annoncé la nouvelle, c’était comme si le temps s’arrêtait. Mon corps s’est figé, ma respiration s’est coupée, et pendant quelques secondes, tout autour de moi semblait irréel. Je ne pouvais pas croire ce que j’entendais.
J’étais comme figée. Au début, je n’y croyais tout simplement pas. Deux pertes aussi rapprochées, c’est tellement irréel. Je n’arrêtais pas de me demander : « Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi eux ? Pourquoi cela nous arrive à nous ? Qu’est ce qu’on a fait pour mériter ça ?». Mais ces questions restent sans réponse et laissent juste un énorme vide.
Donc d’abord il y a eu un tsunami d’émotions qui frappe de plein fouet. L’incrédulité, comme si mon esprit refusait d’accepter cette réalité. Puis la tristesse, une tristesse si profonde qu’elle m’a submergé instantanément. En même temps, une colère sourde montait en moi : comment la vie pouvait-elle être si cruelle, si injuste ? Mais plus que tout, il y avait cette sensation de vide immense, un gouffre qui s’ouvrait en moi, m’aspirant tout entier. J’avais perdu mes deux parents , et je me retrouvais seule face à cette réalité insupportable.
J’ai dû quitter le travail immédiatement, incapable de fonctionner normalement. En traversant les couloirs, tout semblait flou, comme si j’étais déconnectée de la réalité. Chaque pas semblait irréel, chaque respiration difficile. Le choc était si violent que je ne savais plus quoi penser, ni quoi faire. Il y avait juste cette douleur, brute et écrasante, qui ne laissait place à rien d’autre.
Il y avait aussi cette sensation étrange de vide, un silence assourdissant dans ma tête. Comme si tout s’était arrêté. J’ai ressenti un mélange d’impuissance et de peur—peur de ce qui allait suivre, peur de ne plus jamais retrouver une forme d’équilibre. Et au milieu de tout ça, une immense culpabilité : ai-je fait assez pour eux ? Ai-je dit tout ce que je voulais leur dire ? Ces questions tournaient en boucle dans mon esprit.
Parfois, c’est une douleur sourde qui bloque tout. On se réveille la nuit avec cette sensation oppressante, comme si un poids énorme écrasait la poitrine. Puis il y a la colère, une colère irrationnelle qu’on ne contrôle pas. Contre la vie, contre le destin, contre soi-même pour tout ce qu’on aurait pu faire différemment. Tout cela se mélange dans une confusion qui rend chaque instant lourd et difficile.
Et puis, il y a ces moments d’abattement total. Une fatigue immense, comme si chaque cellule du corps était épuisée par le poids du chagrin. Certains jours, se lever du lit semble une victoire en soi. D’autres jours, on ressent une vague de tristesse si intense qu’elle submerge tout. Les souvenirs remontent sans prévenir—un rire, une phrase, un geste—et le manque devient presque insupportable.
Les réveils sont difficiles. Après une nuit de sommeil ou tant bien que mal , mon cerveau se met au repos, les réveils ramènent la réalité en pleine gueule. Tout était vrai, ce n’était pas un cauchemar, ils sont bel et bien partis.
Perdre ses deux parents d’un coup, ça veut aussi dire avoir plein de choses à gérer en plus de la peine. Deux enterrements à organiser, des papiers administratifs à trier et gérer, les successions… Et tout ça en essayant de leur rendre hommage comme il faut. On se sent vidé, mais on veut bien faire. Mais au milieu de tout ça, on se sentait souvent perdues, incapables de se concentrer, comme si l’esprit était engourdi par le choc.
Alors oui on dit toujours que dans ces moments-là, il ne faut pas rester seul. La famille, les amis, ou même un professionnel peuvent vraiment aider. Moi, j’ai n’ai jamais appris à demander de l’aide, et au contraire, j’ai plus ressenti le besoin de m’isoler à mon retour chez moi, à 6 000 kilomètres des miens. Parler, même maladroitement, me ramenait à chaque fois à cette réalité, à répondre toujours aux mêmes questions, qui te replongent dans le coeur de ton drame. Et puis même entourée, il y a cette solitude profonde, ce sentiment que personne ne peut vraiment comprendre l’ampleur de ce que je suis en train de traverser…
Aujourd’hui, c’est encore tout frais. La douleur est omniprésente, et il est difficile de penser à autre chose qu’à leur absence. Chaque instant semble imprégné de leur mémoire—leur voix, leur sourire, leurs gestes. Parfois, je ressens un vide si grand qu’il semble avaler tout autour. Et puis, il y a la peur—celle de les oublier, celle de ne plus savoir comment avancer sans eux. Je suis encore en plein deuil, et chaque jour est un combat pour avancer un peu plus. Mais ce que je sais, c’est que leur présence, reste gravée en moi. Ils sont là, dans mes souvenirs, et c’est ce qui me donne un peu de courage pour affronter ce vide immense.

