Vie Expat

Les faux clichés sur la vie d’expat

On nous vend toujours l’expatriation comme un conte de fées : tu pars, tu découvres un nouveau pays, et t’as plus qu’à vivre ta meilleure vie. Mais attends, on parle de vraie expatriation, là. C’est pas toujours tout rose et, spoiler alert, les clichés qu’on t’a racontés ne correspondent pas du tout à la réalité.

Et, devine quoi ? J’en sais quelque chose, je vis au Québec depuis plusieurs années. Alors, prêt(e) pour un petit tour des idées reçues qu’on t’a vendues ?

Avis aux futurs PVT qui ont souvent une version trop idéalisée de leur futur lieu de d’expatriation 

 « L’expatriation, c’est comme des vacances permanentes. »

Forcément le premier cliché et non des moindres, l’image de l’expat qui se prélasse toute l’année sur une plage en sirotant une noix de coco ! Merci les influenceurs qui inondent nos réseaux sociaux avec cette idée indéfectible

(Oui ça arrive bien sûr, mais on parle ici d’une minorité, notamment les digital nomads)

C’est beau sur papier. Mais voici la réalité: Au début, ça ressemble à des vacances. Tu visites, tu t’amuses, tu explores… mais au bout d’un moment, tu te rends vite compte que le quotidien est aussi fait de factures, de tâches administratives, de longues journées de travail et de moments de solitude. Tu n’es pas en vacances, tu es en train de reconstruire ta vie ailleurs. Nuance

Et je fais d’une pierre deux coups sur un autre cliché tant qu’à faire : non, tous les expatriés ne roulent pas sur l’or.

Certains imaginent que les expatriés vivent comme des rois, mais… désolée de briser ce mythe, on n’est pas tous en train de se payer des restos gastronomiques et des week-ends à droite à gauche tous les 4 matins. En fait, certains expatriés choisissent des destinations où la vie est plus abordable. Et spoiler : y’a même des expatriés qui galèrent un peu sur le budget (surtout depuis l’inflation qui a et fait encore mal un peu partout). Oui, ça arrive !

On travaille comme tout le monde pour payer nos factures et nos sorties, et les impôts ne nous font pas de cadeaux à nous non plus, promis 😉

« Tu es libre de ta vie, loin des attentes sociales et familiales »

Alors d’un point de vue extérieur oui, mais cela comporte son lot de culpabilité.
Certains expatriés sont perçus comme des personnes « libérées » des attentes familiales et sociales qu’ils auraient vécues en restant dans leur pays d’origine. Mais cette liberté s’accompagne souvent de culpabilité. Être loin de sa famille pendant des événements difficiles, ou être perçu comme « absent » quand il s’agit de responsabilités familiales, peut être une source de tension interne.


Rester éloigné de ses proches pendant des moments importants (hospitalisation ou décès d’un parent, événements familiaux majeurs) peut provoquer un sentiment de culpabilité difficile à gérer, car tu as l’impression de ne pas être là pour soutenir les gens que tu aimes.

En fait la vie d’expat, c’est un peu comme jongler entre des épisodes de « ne pas pouvoir assister au mariage de ton cousin » et « essayer de maintenir une relation avec tes parents par Zoom ». La distance te permet de réaliser à quel point chaque moment passé avec eux est précieux, mais c’est aussi un défi de trouver un équilibre. Et quand tu finis enfin par aller les voir après des mois, c’est souvent après avoir passé des heures interminables sur la route pour leur rendre visite..

« L’expat, c’est faire la fête tout le temps »

Oui, la vie à l’étranger semble être une succession de moments exceptionnels sur Instagram, mais la réalité de l’expatriation peut parfois être plus difficile. Tu fais face à la solitude, la nostalgie, la fatigue d’être loin de ta famille et tes amis, les démarches administratives interminables. Il y a aussi une forme de stress constant d’être dans un environnement qui n’est pas le tien, avec des règles et et une culure qui ne sont pas les tiennes. L’expatriation, c’est génial, mais c’est aussi un défi constant à relever.

« Tu n’auras jamais de coup de blues en étant expatrié »

Le coup de blues, il est toujours là. Que tu sois à Bali ou en Espagne, il y a des jours où tu te sens juste un peu paumé. T’as envie de rentrer chez toi, de revoir tes amis, ou même de trouver un petit coin de France qui te manque. L’expatriation, c’est pas juste des bons moments, il y a aussi des moments où tu te dis : « Qu’est-ce que je fous ici ? ». Mais t’inquiète, ce sont les montagnes russes permanentes d’avoir le cul entre deux chaises.

« Tout est mieux là-bas »

Ce cliché est vraiment tenace : « Ils ont un meilleur système de santé, une meilleure qualité de vie… » Mais chaque pays a ses inconvénients et ses propres défis. Ce que tu ne sais pas, c’est que là-bas aussi, tu vas devoir naviguer à travers une bureaucratie parfois archaïque, des impôts différents ou des règles qui te font douter de tes choix.

Surtout que dans de nombreuses destinations populaires, les coûts augmentent drastiquement une fois qu’on se sent « installé ». Loyer, alimentation, transports… Au final, tu réalises que l’idée d’une vie plus abordable est un peu trop idéalisée. Dans certaines villes, tout a augmenté à cause de l’afflux de nouveaux arrivants (et de l’inflation bien sûr) et tu finis par payer plus cher que dans ton pays d’origine pour des choses qui te semblaient accessibles.

« Tu vas t’adapter à la culture et en devenir une partie intégrante. »

Alors, ça c’est peut-être l’un des clichés les plus tenaces. Oui, c’est génial de découvrir un pays et une culture différente, mais “se sentir chez soi” dès le départ, c’est une illusion. Au début, tu vas te sentir comme un touriste, tes habitudes un peu perdues. Et malgré ta recherche active de bonnes adresses, il y aura toujours ce petit décalage où tu te demandes, au fond de toi : « Est-ce que c’est vraiment chez moi ici ? »

C’est normal, et c’est même un passage obligé. Mais petit à petit, tu t’adaptes.
Alors oui, tu vas t’intégrer, mais tu vas rester toi. Tu resteras toujours un peu « l’expat » dans la conversation, celui qui a un accent particulier, qui peut être un peu plus spontané, et qui rigole des petites différences culturelles. Tu seras toujours un peu un « étranger » dans l’âme, même si t’as trouvé ton appart, tes amis, et ta routine.
Alors que tu as l’impression d’être bien intégré et que tu connais toutes les bonnes adresses, tu n’es toujours pas perçu comme un local. Tu peux vivre dans le pays pendant des années, parler couramment la langue, mais tu restes toujours un « étranger ». La culture locale, ses codes et ses traditions restent parfois un décalage que tu ne peux jamais totalement franchir, malgré tes efforts.

« Tu vas rencontrer des gens super facilement et te faire des amis en 3 jours »

Dans l’idée oui (enfin si tu es ouvert et sociable), mais les amitiés sont éphémères.
S’expatrier permet de rencontrer des gens du monde entier, mais les liens créés sont parfois fragiles. Les autres expatriés sont souvent de passage, et voir ses nouveaux amis partir au fil des mois, des années devient une habitude difficile à accepter. De plus, intégrer des cercles d’amis locaux peut être plus compliqué que prévu selon la culture du pays. Mais aussi suivant ton âge (on s’entend qu’à 40 ans tu ne rencontres pas comme à 20 ans, avec ton groupe d’amis qui vient souvent de l’école)
Faire et refaire son cercle d’amis devient un cycle permanent. On s’attache à des personnes qui finissent par repartir, ce qui peut générer une certaine lassitude émotionnelle et un sentiment de solitude.

« Tu vas trouver un boulot en un clin d’œil »


Ce rêve de partir à l’étranger et de trouver un job immédiatement peut vite devenir un cauchemar. Les exigences locales, la langue, les qualifications… Tout ça peut être un frein bien plus grand que ce que tu imaginais. Tu finis souvent par te retrouver à travailler dans un job sous-payé ou même temporaire en attendant de te faire un réseau, parfois pendant plusieurs mois (et ne pas oublier que souvent ton expérience même si intéressante dans ton pays d’origine, n’a souvent aucune importance dans ton nouveau pays, et tu te retrouves à devoir refaire tes preuves, quitte à recommencer au bas de l’échelle).

Sans compter les nombreuses équivalences de diplômes à demander suivant les secteurs de travail que tu exerçais dans ton pays d’origine, qui peuvent littéralement mettre des mois voire des années à être finalisées, t’empêchant alors d’exercer ton métier de base  (si, si véridique).

« Le logement est facile à trouver et à un prix raisonnable »

Dans l’absolu, trouver un endroit où poser tes valises devrait être simple, non ?

Mais non, tu vas d’abord devoir faire des recherches intensives sur les sites locaux, te préparer à faire face à des prix qui te feront pleurer un peu. Et même une fois trouvé, il y a cette histoire de dépôt de garantie, le contrat de location à comprendre, les voisins bruyants à gérer…

Sans oublier qu’en tant que nouveau arrivant, face à d’autres locataires potentiels pour un propriétaire, tu ne feras pas le poids face à eux, n’ayant aucun historique à leur montrer (par exemple à Montréal, sans historique de crédit, il est plus difficile d’être choisi par un propriétaire)

Out ce cliché également : « Tu vas enfin habiter dans des endroits incroyables ! »

Pas toujours, parfois c’est plutôt un petit appartement de 30m².
On imagine souvent la vie d’expat dans une villa en bord de mer ou un loft spacieux en plein centre-ville. Mais la réalité, c’est que le marché immobilier dans certains pays est très cher, et tu peux te retrouver dans un logement petit ou mal situé, loin des lieux où tu aimerais être.

« Quand tu veux, tu peux revenir en France « 

Revenir n’est pas aussi simple que de prendre un avion.
Le retour en France, après avoir vécu à l’étranger pendant un certain temps, est un processus complexe. Ce qu’on oublie souvent, c’est le phénomène du « choc culturel inversé », qui est bien réel. Revenir dans son pays d’origine peut être encore plus difficile que de partir : les attentes sociales et familiales sont parfois plus lourdes, le rythme de vie différent, et même les petites habitudes culturelles semblent avoir changé.


Revenir en France après un long séjour à l’étranger peut provoquer une sensation de décalage. Les choses qui te paraissaient normales à l’étranger te semblent parfois étranges ou déstabilisantes. Ce processus d’adaptation au « retour chez soi » peut être aussi éprouvant que l’adaptation à la culture d’un pays étranger.

L’expatriation, c’est bien plus qu’un simple voyage : c’est une expérience pleine de découvertes, de défis et de moments parfois moins glamours qu’on ne l’imagine. Les clichés sont beaux sur papier, mais la réalité, elle, se trouve souvent dans les sacrifices invisibles, les ajustements culturels et les moments de solitude. L’expatriation, c’est une aventure faite de hauts et de bas.

Alors, avant de faire ton grand saut, n’oublie pas de regarder au-delà des filtres et de bien te préparer à ce voyage, et surtout bien te demander, l’herbe est-elle plus verte ailleurs ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

fr_FR