Celle qui vit toujours avec ses blessures d’enfance
Tu crois que c’est derrière toi. Tu te dis que tu as grandi, que tu es passée à autre chose. Après tout, tu n’as plus huit ans, tu as une vie d’adulte, des responsabilités. Tu avances, tu continues… Et pourtant, il y a ces moments où tu sens que quelque chose résiste. Comme une petite voix qui t’empêche d’être pleinement tranquille.
Parce que, oui, tu vis toujours avec tes blessures d’enfant. Elles sont invisibles, mais elles sont là. Elles s’invitent dans tes relations, dans tes colères, dans tes silences aussi. Quand tu as peur qu’on t’abandonne, ce n’est pas vraiment l’adulte que tu es qui tremble, c’est l’enfant en toi qui se souvient. Quand tu t’épuises à vouloir prouver que tu es « assez », c’est parce qu’une part de toi attend encore ce regard qui rassure, ce mot qui console.
Et parfois, tu le sens très fort : tu réagis comme si tu étais encore petite. Tu pleures plus que de raison, tu t’enfermes, tu te braques, tu te compares. Tu t’en veux, tu te dis : « Mais pourquoi je suis comme ça ? Je devrais être plus forte, plus adulte, plus… je ne sais pas… stable. » Mais non. En réalité, tu es juste humaine.
Ce que tu portes en toi n’est pas une faiblesse. C’est une mémoire. Ton corps, ton cœur, ton esprit ont enregistré ce qui t’a manqué, ce qui a marqué. Tu peux essayer de l’ignorer, mais ça finit toujours par ressortir. Pas pour te punir, pas pour te ralentir. Juste pour que tu l’entendes enfin.
Et c’est peut-être ça, grandir pour de vrai : arrêter de courir contre ses blessures, et commencer à marcher avec elles. Les regarder sans honte, sans colère. Parce qu’elles racontent ton histoire. Elles expliquent d’où tu viens. Elles t’ont rendue sensible et attentive aux autres.
Alors oui, tu vis toujours avec tes blessures d’enfant. Mais aujourd’hui, tu peux leur dire que tu prends la relève, que tu n’as plus besoin d’avoir peur comme avant. Tu peux apprendre à les calmer. Tu peux devenir l’adulte dont cet enfant aurait eu besoin.
Et quand tu commences à le faire, tu découvres quelque chose d’étonnant : tu n’es pas abîmée, tu n’es pas cassée. Tu es juste en chemin. Et ça, c’est déjà énorme.