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Celle qui avait décidé de ne plus courir

Je ne sais pas toi, mais moi j’en ai marre de courir.

Courir après les projets, les deadlines, les mails non lus, les likes sur Instagram, les invitations qu’on n’a pas le temps d’honorer, les to-do qu’on remplit plus vite qu’on ne les raye.

Un jour, j’ai réalisé que je vivais ma vie en mode « avance rapide ». Comme si mon bonheur se trouvait après : après ce contrat, ce voyage, cette validation extérieure.
Et si c’était maintenant qu’il se jouait, le bonheur ?
Pas après. Pas quand ce sera plus calme. Pas quand j’aurai « le temps ».
Mais là. Au milieu du bazar. Des attentes.

C’est une course sans fin, non ? Une course qui, plus on la poursuit, plus elle nous éloigne de ce qu’on cherche vraiment. Parce qu’au final, que trouve-t-on à force de courir ? Un peu de fatigue, un peu de stress, beaucoup de frustration. La sensation d’avoir fait beaucoup, mais d’être resté·e, quelque part, vide. Le sentiment qu’en courant après tout, on en oublie l’essentiel : vivre.

Je me suis longtemps laissé entraîner dans ce tourbillon, convaincue que le bonheur, la tranquillité, étaient au bout de cette course. Qu’il suffisait de courir un peu plus vite, un peu plus fort, un peu plus loin pour qu’un jour, ça arrive. Mais à chaque étape, au lieu de trouver ce que je cherchais, je tombais juste un peu plus fatiguée. Un peu plus pressée. Et je me rendais compte que je m’éloignais doucement de ce qui comptait vraiment. Moi. Mon équilibre. Ma paix intérieure.

Alors, un jour, j’ai décidé de m’arrêter. Pas de manière spectaculaire, pas de grand changement de vie à la clé. Non, juste un petit choix intérieur. Un petit moment où j’ai décidé de ne plus courir. De ne plus courir après tout et rien. De simplement être là, sans agenda. De laisser la vie se dérouler à son rythme, plutôt que d’essayer de la contrôler à chaque instant.

Je me suis rendu compte qu’à force de courir, j’avais oublié le simple plaisir d’être présente dans le moment. J’ai arrêté de chercher à tout remplir. Je ne répondais plus immédiatement à chaque message, à chaque notification. Je prenais le temps de respirer. De marcher sans but précis, juste pour marcher. De prendre mon café sans me précipiter vers la prochaine chose à faire. De regarder autour de moi et de voir vraiment ce qui m’entourait, sans toujours penser à ce qui venait ensuite.

Je me suis autorisée à dire « non » sans culpabiliser. Je me suis permis de dire « je ne suis pas prête » ou « ce n’est pas pour moi en ce moment ». Parce qu’au fond, cette course incessante me laissait un goût amer de non-vie. D’une vie qui défile en arrière-plan, que l’on regarde passer sans vraiment la vivre.

Arrêter de courir ne veut pas dire renoncer, ni même s’arrêter d’agir. Mais c’est choisir de ne plus être esclave de la course. C’est comprendre que la paix ne se trouve pas à la fin du marathon, mais dans chaque pas que l’on fait. Que chaque instant compte et que ce n’est pas en courant plus vite qu’on va l’apprécier davantage.
C’est choisir de savourer le voyage, pas seulement d’attendre la destination.

Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’on n’a rien à perdre à ralentir. Quand on arrête de courir, on se rend compte qu’on est plus présent·e, plus disponible pour ce qui est vraiment important. On découvre des choses qu’on avait oubliées, qu’on ne voyait plus, ou qu’on n’avait jamais vues : un sourire, une conversation sincère, un moment de calme. Un instant sans pression, sans obligation.
On retrouve son propre rythme, celui qui nous appartient, et non celui dicté par la société, par les autres, ou par ce fameux « il faut faire plus ».

Je ne dis pas que tout est facile, loin de là. Il y a des moments où la tentation de courir revient. Des moments où on se dit que tout est trop lent, trop calme. Mais chaque jour, je me rappelle que la vraie richesse est dans ces moments simples. Dans ces moments où l’on est enfin là, complètement, sans chercher à en faire plus.

Alors aujourd’hui, je t’écris cette chronique depuis un café où j’ai pris mon temps.
Où j’ai observé les gens passer. Où j’ai pris un vrai plaisir à écrire ces lignes.
Sans me presser.
Sans me justifier.

Alors, la prochaine fois que tu sens cette envie de courir te gagner, essaie de t’arrêter. Même quelques minutes. Fais une pause. Regarde autour de toi. Écoute ce que ton corps te dit. Parce qu’on vit dans un monde où l’on nous pousse à courir sans cesse, mais la vérité, c’est qu’en ralentissant, on retrouve la vraie vie. Celle qui se passe là, tout autour de nous. Et celle qui se passe, surtout, en nous.

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